Ce projet veut contribuer à la croissance inclusive et au développement industriel durable en Afrique. Notre constat, c’est que depuis l’an 2000, le continent africain a affiché d'impressionnants taux de croissance économiques. Toutefois, cette performance remarquable a été en grande partie tributaire de l’augmentation de la production de matières premières et de l'aide au développement. L’Afrique n’est pas encore suffisamment industrialisée malgré tous les efforts consentis. En examinant les parts dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale en 2014, on constate que la région de l’Asie et du Pacifique avait une part de 44,6%, alors que celle de l’Afrique n’était que de 1,6%. Parmi les raisons qui peuvent être évoquées, on peut noter le gros handicap lié à la faiblesse aussi bien quantitative que qualitative de ses ressources humaines dans les sciences de l’ingénierie. En effet, selon une étude de la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF) sur les capacités nécessaires à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, l’Afrique connait des déficits importants (4,3 millions d’ingénieurs et 1,6 million de scientifiques et de chercheurs en agriculture) dans les compétences techniques essentielles pour mettre en œuvre la Stratégie 2024 pour la science, la technologie et l’innovation en Afrique (STISA-2024). En outre, les femmes ne sont pas suffisamment présentes dans les domaines de l’ingénierie et de la recherche technologique et industrielle. Cette situation contraste avec celle des pays industrialisés et en particulier la France dont la population ingénieurs dépasse le million et croît d’environ 4% par an selon une étude de la Société des Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF) avec un taux de femmes de 28,5% dans la dernière promotion d’ingénieurs diplômés en 2016 . Il y a donc des défis importants à relever à ce niveau en Afrique.
Par exemple au Sénégal les filles ne représentent que 30% des effectifs des séries scientifiques au baccalauréat. Et dans le supérieur leur représentativité est encore plus faible. On retrouve la même situation en Côte d’Ivoire ou au Cameroun.
Un développement industriel soutenu ne pourra se faire sans augmenter le nombre de jeunes formés avec équité de genre pour les besoins industriels ou sans faire appel à du personnel expatrié. C’est le constat qui est fait chaque jour dans nos pays.
C’est dans ce contexte que le projet RésIng porté aujourd’hui par l’INP HB propose le projet RésIng pour « Réseau de formation de scientifiques africains dans le domaine de l’ingénierie pour un développement industriel durable en Afrique ». Ce projet porté par l’INP HB est co-construit par six établissements d’enseignement supérieur tous membres du Réseau d’Excellence des Sciences de l’Ingénieur de la Francophonie (RESCIF https://www.rescif.net/).
Les 6 membres de ce projet sont :
Afrique de l’ouest : l’Institut National Polytechnique Félix HOUPHOUET-BOIGNY de Côte d’Ivoire (INP-HB), l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar (ESP) de l’Université Cheikh Anta Diop au Sénégal, et l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) de Ouagadougou,
Afrique centrale : l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSPY) de l’Université de Yaoundé 1 du Cameroun,
Afrique du nord : l’école Mohammadia d’Ingénieur (EMI) de l’Université MOHAMMED V de Rabat au Maroc,
Ces établissements sont chacun reconnus dans leur pays comme des institutions de référence pour la formation en ingénierie.
Ce consortium international est francophone et ses membres s’y engagent avec la volonté de profiter de la dynamique impulsée par un projet financé par la Commission Européenne pour s’internationaliser. L’ouverture vers des pays et formations via de nouvelles collaborations avec des établissements non francophones est indispensable. Les pays du groupe cible 2 ont été identifiés hors de la francophonie. Mais le plus important pour les membres de RésIng est de profiter de ces financements et de ce projet pour contribuer à la formation des cadres de pays durement éprouvés par des guerres depuis de nombreuses années : Libéria, Burundi, Soudan du Sud, Malawi, Sierra Leone, Lesotho. Le consortium veut par cette démarche de solidarité internationale contribuer globalement au redressement dans ces pays via l’éducation. Ce projet propose de développer une offre de mobilité et de donner des moyens aux étudiants et aux personnels pour la réaliser et ainsi initier un processus de collaboration formation et recherche pérenne. Pour atteindre cet objectif global, trois objectifs spécifiques ont été retenus :
Le projet RésIng permettra in fine, de former 54 scientifiques dont 38 masters et 16 docteurs dans le domaine de l’ingénierie capables d’appréhender les grands enjeux liés au développement industriel durable de l’Afrique, et d’agir dans une vision d’économie circulaire pour un meilleur environnement socio-économique. Nous attendons de nouvelles collaborations « Sud-Sud » en formation (mobilité master) et en recherche (mobilité doctorale), le renforcement des capacités du personnel d’appui à la formation (10 mobilités) par le partage des bonnes pratiques dans la gestion des étudiants, le suivi des diplômés, les relations industrielles et le démarrage de réflexions conjointes sur l’offre générale de formation ingénieur pour l’Afrique. A plus long terme on sait combien un tel projet ouvert à des cultures et des regards multiples impacte les organisations et aide au changement par les retours d’expérience des parties prenantes.